tantôt
les tentations s'acharnent sur leur isolement, tantôt ils
sont opprimés d'une langueur pire peut-être que les
chutes. La sainteté seule rend possible la joie claustrale.
Dans l'abbaye, les saints n'ont pas dû manquer, puisque
durant des siècles elle se maintint vivace. Mais nul d'entre
eux ne s'est signalé, et les puissants abbés du
Moyen-Age, Robert de Torigny,
Raoul des Iles, Richard Turstin se souciaient
plutôt d'acquérir des moulins, des manoirs, de construire
ou de réparer les bâtiments du monastère que
de promouvoir à plus de ferveur les religieux. Ils se comportaient
en bons intendants de leur Ordre, en grands seigneurs, et, par
surcroît, cherchaient le royaume de Dieu. Aussi les moines
inclinaient-ils à des mœurs fastueuses. En 1260, une
bulle du Pape Alexandre IV leur fit défense de «
boire dans des verres au pied cerclé d'argent ou d'or,
de porter à la ceinture des couteaux à manches richement
ciselés, se sortir sur des chevaux caparaçonnés