de
petites dimensions et d'anciens pieux dont ils n'avaient pas soupçonné
l'existence, malgré leurs connaissances locales.
Ce
n'est pas, au reste, le seul point où le Couesnon nous
fasse éprouver les tristes effets de son voisinage. Vis-à-vis
de la Pièce-Bonde appartenant à Mme Desmézières,
un peu au-dessus de l'Abreuvoir, il a, en quelque sorte, corrodé
le cordon de pierres qui garnit le chemin, dont la largeur n'est
plus que de 4 mètres. De plus, par une conséquence
natureIIe de la facilité avec laquelle il change de direction,
il a quitté la côte de Normandie pour se rapprocher
de la pointe de la Fouërolle s'est éloigné
de plus de 300 mètres de la digue du Grand-Verger, qu'il.
côtoyait encore il y a un mois, et après avoir décrit
dans la grève plusieurs sinuosités, il revient tomber
à angle droit sous la vieille digue, où il contribue
puissamment à entretenir l'état fâcheux dont
je viens de vous tracer le tableau.
D'après
ce qui précède, vous comprendrez sans peine, Messsieurs,
l'importance que: nous devons attacher à la progression
capricieuse de cet ennemi redoutable, et combien il serait imprudent,
alors même qu'il viendrait à quitter momentanément
le littoral de considérer cet éloignement passager
comme un gage de sécurité pour nous. Nous avons
eu trop souvent de funestes exemples du contraire; et il est facile
de concevoir que dans une grève dont le sol, quand il est
imprégné d'humidité, est presque fluide,
sa position peut changer toutes les fois que la
mer est violemment agitée. A chaque marée, en
effet, son cours étant interrompu, ses eaux se connfondent
avec la pleine mer; la vase mobile cède naturellement aux
flots qui la pressent; son lit, généralement peu
profond, disparaît par le nivellement de la plage, et quand
vient le reflux, ne trouvant plus d'issue, il se fraie un passage,
tantôt il droite, tantôt à gauche; et c'est
ainsi qu'on le voit s'éloigner à de grandes distances
pour reparaître bientôt jusque sous nos digues, qu'il
vient saper par ses affouillements destructeurs.