fondre
comme un cierge blond la colonne qui la divise et dessine l'arc
de la fenêtre, sur les dalles rouges, en une longue aiguille
de lumière. J'imagine les moines attablés écoutant
lire quelque page de la Légende des Saints, et recevant
de la chaire la double clarté qui descendait. L'immobile
rangée des colonnes perpétue la forme idéale
de leur présence. Le jeu du soleil et de l'ombre déplacée
fait saillir alternativement ou efface le long des embrasures
grises une partie de la colonnade attentive et muette. Ils sont
là, sous la voûte en berceau, debout jusqu'à
la consommation des jours. Même je me pose à leur
endroit la question qui, devant les cathédrales,
m'a plus d'une fois absorbé : quand, au coup de clairon
du septième ange, la vieille terre se disloquera ou sera
consumée par le feu, la Merveille sera-t-elle anéantie
? Cet assemblage divin des pierres ne mériterait-il pas
d'être transféré par un
miracle dans la terre nouvelle, redevenue l'habitacle