du
Paradis ? Je sais trop que tout ouvrage fait de matière
est un essor manqué vers une perfection qui le dépasse,
qu'il peut succomber à l'usure du temps, dépérir
si les générations l'abandonnent, être saccagé
par leur sottise ou détruit par leur haine. Les moines
bénédictins de Saint-Maur, au XVIIe siècle,
avaient défiguré le réfectoire, coupant sa
hauteur d'un plafond pour y loger un étage de cellules.
Mais est-ce en vain qu'on lui a restitué son véritable
aspect ? Certaines réussites semblent obtenues pour ne
plus mourrir. L'abbaye du Mont n'est pas simplement une bâtisse
conventuelle; c'est un des hauts lieux du monde où le souffie
du Verbe a voulu passer. L'Esprit, me dita-t-on, vient comme il
lui plaît, puis s'en va; mais son passage sur la terre des
vivants peut-il s'effacer à jamais ?