colonnes,
l'ombre découpée qu'elles promènent sur le
dallage de la galerie, le long des murs, en réponse à
leur procession lente, continuée selon des rythmes éternels.
L'apaisement de l'âme après quelques minutes dans
ce cloître est invincible, inexprimable. Je voudrais y conduire
ceux qui demandent à l'agitation du siècle le secret
d'un bonheur solide, les esthètes qui prétendent
avec du chaos faire de la beauté, les fumeurs d'opium qui
rêvent d'une paix chimérique. Peut-être apprendraient-ils
ici quelque chose du mystère de la béatitude; du
moins ils sentiraient que la beauté, la paix sont avant
tout fondées sur une discipline intérieure, qu'elles
n'obéissent ni à des rêves décousus
ni à l'hypocrisie des mots.
Le réfectoire - et c'est encore plus étonnant -
communique la même évidence d'une spiritualité
pacifiante par la constance de l'ordre. Au moment où j'en
franchis la porte, le soleil de midi, frappant la chaire
du lecteur, semble