Du
Mont nulle voix n'arrive. Le long de la digue, par instants, ronfle
une auto; les crépitations d'un side-car profanent le grand
silence. Quelquefois, plus près, un pan de sable s'écroule
au tournant d'un ruisseau. Nous percevons sous les tangues
le pétillement léger, les menus bruits innombrables
des coques se vidant d'eau salée.
Sur les mœurs des coques Dom Debroise, le bénédictin
qui nous accompagne, fut témoin d'un trait merveilleux.
Il y a deux ans, un jour d'hiver toutes les coques des grèves
disparurent. On les retrouva une lieue plus loin, du côté
de la pleine mer. Elles avaient émigré avec le reflux.
Pourquoi cet exode? Quelqu'un observa qu'une marée violente
avait substitué au sol limoneux un sable sec, de la «
paumelle » où les coques
n'auraient su vivre. Elles avaient prévenu la catastrophe,
mobilisées par le Vouloir divin qui veille au salut des
myriades infimes comme aux destinées des empires.