au
travers des grèves ne
ressemblera jamais aux autres : qu'on s'attarde une heure de trop,
on n'en reviendrait pas.
Mais, en route, une halte nous sollicitera, le roc de Tombelaine,
bastion d'avant-garde, dressé comme un dolmen, un tumulus
immémorial, seul point ferme émergeant de ces plaines
instables comme la mer.
Le soleil d'août a tiédi, presque asséché
les tangues. Çà et là, leur chaude élasticité
donne, sous nos pieds nus, l'impression d'une chair potelée
et douce. Ailleurs, les plissures concentriques de leurs côtes
sont rugueuses, grasses et glissantes. Nous traversons des flaques
d'une tiédeur délicieuse. Mais aucune brise; l'azur
fumant presse la nudité des espaces; leur plénitude
s'offre toute au feu qui ruisselle sur eux et sur nous. A notre
droite, des surfaces herbues, des verdures lointaines rafraîchissent
nos yeux que lasseraient le gris fauve de l'arène et les
lacis d'eau miroitante.