avait
sous les yeux, non seulement l'histoire religieuse de l'abbaye,
mais encore l'histoire militaire de la forteresse, si intimement
liées, d'ailleurs, l'une à l'autre, qu'il était
impossible de les séparer.
« Eh ! bien! mon pauvre Michel, dit Dom Guillaume à
l'enfant, I'heure du départ va donc sonner. Tes yeux sont
rouges; tu as bien pleuré. Cela montre ton excellent cœur.
Mais courage! Rappelle-toi que tu vas rentrer dans ton cher et
beau pays où notre grand Archange est aimé, honoré,
prié. Tu diras combien son sanctuaire
de Normandie est beau; quelles foules y accourent de toutes parts,
les prières ferventes qu'elles y font, les grâces
qu'elles y obtiennent! N'oublie jamais notre Sainte
Montagne; ce souvenir, j'en suis certain, sera le plus doux
de ta vie, encore à son aurore. Ici, mon, cher enfant,
nous ne t'oublierons pas. Un jour, peut-être, reviendras-tu
au Mont Saint-Michel ? Je n!y serai plus, sans doute, ni les bons
religieux dont l'accueil fut, pour toi si excellent. Mais, d'autres
frères nous remplaceront; ils t'accueilleront aussi avec
empressement et avec joie; peut-être alors seras-tu revêtu
de l'habit de Saint-Benoît ? »
L'enfant était trop émotionné pour répondre.
« Acccepte, mon enfant, dit le prieur, ce modeste souvenir.
C'est un cornet de pèlerin; regarde comme il est joli:
l'artiste l'a enrichi d'ornements. en relief