Après
avoir pris une légère collation au presbytère
de Genêts, le prieur et Michel se dirigèrent vers
Brion.
Brion se trouvait à moins d'une lieue de Genêts;
en une heure, ils franchirent cette distance, suivant une belle
route carrossable, ouverte, au siècle dernier, par les
abbés du Mont.
Brion dépendait du Mont-Saint-Michel. Son prieuré
avait été fondé, en 1137, sous l'abbé
Bernard, à peu près à la même époque
que les prieurés de Notre-Dame de Tombelaine et de Saint-Michel
de Cornouailles, en Angleterre. Vers 1166, Brion avait été
rattaché plus étroitement encore à l'abbaye
michelienne par une charte de Henri
II, roi d'Angleterre.
Le prieur' expliqua à son petit compagnon que, les bâtiments
de Brion menaçant ruine, il avait été décidé
qu'un manoir y serait construit, mais que l'on respecterait la
vénérable chapelle dédiée à
saint Laurent, où il y avait encore d'intéressants
vitraux et de jolies boiseries.
« Brion, ajouta le prieur, a servi et sert encore de maison
de campagne à nos abbés; l'air du Mont¬aint-Michel
est très vif, mais, à la longue, il finit par énerver;
il est bon, de temps en temps, d'aller goûter le calme des
champs. Aussi nos abbés et nos frères se rendent-ils
quelquefois à Brion où la paix est profonde et la
tranquillité parfaite.