Dans
la saline, à deux pas des tonneaux, trois plateaux en plomb,
d'environ quatre-vingts centimètres sur soixante, contenant
chacun vingt-huit ou trente litres, étaient posés
en rangs, sur trois fourneaux de la hauteur d'un pied, séparés
l'un de l'autre par un épaulement; une ouverture de plusieurs
pouces servait à passer le bois dans la fournaise; le produit
de chaque opération se nommait bouillon; il était
généralement de deux cents kilogrammes par vingt-quatre
heures.
Le sel, arrivé à un degré de siccité
convenable était retiré des plombs, mis dans un
panier d'osier où il achevait de s'épurer, puis
jeté dans le magasin destiné à le recevoir.
Chaque saline avait un rechange de plombs; ce métal, si
malléable de sa nature s~affaissait, peu à peu sous
le poids de l'eau et, au moyen d'une pierre appelée borderesse,
il fallait, très souvent redresser les bords de ces plombs.
Dans la saline, un seul siège pour la personne nommée
boidrot ou boidrotte, suivant qu'il s'agissait d'un homme ou d'une
femme, et qui était occupée à alimenter le
feu sous les plombs; pas de table; un ou deux lits pour coucher
les sauniers qui se succédaient, par tiers de nuit, pour
la veillée. Ce lit, où l'on couchait tout habillé,
était composé de paille, de draps et d'une couverture
rustique; le tout posé sur des triques, Au devant de ce
lit, une planche