tue.
Sur ce lit, quatre forts ais, joints ensemble formant un carré
d'environ deux mètres, étaient posés sur
des soliveaux, ne s'appuyant à terre que par les bouts
pour que l'eau pût se réunir au milieu, sans obstacle,
et couler vers la saline. Sur ces soliveaux, des planches légères
et, sur celles-ci, une forte couche de paille ou glui, et cet
aménagement constituait tout l'appareil de filtrage qui
se nommait fosse. Le contenu de la fosse était jeté,
chaque matin, en aval dans la grève et la fosse immédiatement
remplie de sablon. La fosse pleine, bien pilée et bien
dressée, on versait dessus l'eau qui, en traversant le
sablon, dissolvait le sel qu'il contenait. Chaque tossée
fournissait l'eau nécessaire pour une fabrication de vingt-quatre
heures et produisait environ deux cents kilogrammes de sel. Cette
eau, imparfaitement filtrée, conservait une couleur foncée
et s'appelait brune ou brine. Elle coulait de la fosse, par des
anches, dans des tonneaux défoncés par un bout et
plantés en terre dans la saline où l'on pouvait
la prendre commodément pour en emplir les plombs au moyen
d'un instrument à long manche. Les sauniers s'assuraient
du degré de saturation de la brine, 'en emplissant, sous
le filet d'eau venant de la fosse, une petite boite nommée
essai, dans laquelle étaient enfermées, sous des
ficelles, trois ou quatre petites balles de cire, lestées
par une parcelle de plomb. On appréciait ainsi la densité
du liquide.