Texte intégral du livre :

"LE PELERINAGE D'UN ENFANT AU MONT SAINT MICHEL AU QUINZIEME SIECLE"

par ETIENNE DUPONT. Liens vers pages suivante, précédente et sommaire du livre en bas de page.

Illustration : une dentellière

tue. Sur ce lit, quatre forts ais, joints ensemble formant un carré d'environ deux mètres, étaient posés sur des soliveaux, ne s'appuyant à terre que par les bouts pour que l'eau pût se réunir au milieu, sans obstacle, et couler vers la saline. Sur ces soliveaux, des planches légères et, sur celles-ci, une forte couche de paille ou glui, et cet aménagement constituait tout l'appareil de filtrage qui se nommait fosse. Le contenu de la fosse était jeté, chaque matin, en aval dans la grève et la fosse immédiatement remplie de sablon. La fosse pleine, bien pilée et bien dressée, on versait dessus l'eau qui, en traversant le sablon, dissolvait le sel qu'il contenait. Chaque tossée fournissait l'eau nécessaire pour une fabrication de vingt-quatre heures et produisait environ deux cents kilogrammes de sel. Cette eau, imparfaitement filtrée, conservait une couleur foncée et s'appelait brune ou brine. Elle coulait de la fosse, par des anches, dans des tonneaux défoncés par un bout et plantés en terre dans la saline où l'on pouvait la prendre commodément pour en emplir les plombs au moyen d'un instrument à long manche. Les sauniers s'assuraient du degré de saturation de la brine, 'en emplissant, sous le filet d'eau venant de la fosse, une petite boite nommée essai, dans laquelle étaient enfermées, sous des ficelles, trois ou quatre petites balles de cire, lestées par une parcelle de plomb. On appréciait ainsi la densité du liquide.

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