voisinage
du Mont-Saint-Michel, un aspect jaunâtre peu favorable aux
reflets du ciel sur les eaux.
Juste en face de la plage de Saint-Jean, que les vieilles chroniques
appellent Saint-jean-au-bout-de-la-Mer, et qui est plus connu
sous le nom de Saint-Jean-le-Thomas, ou même de Thomas,
à cause de ses, anciens seigneurs, juste en face de la
plage, l'horizon n'a d'autre limite que la côte de la
Bretagne.
Le groin de Cancale projette, vers le large, son ruisseau granitique,
et Chausey essaime ses cinquante-deux îlots, au Nord-Ouest
de Granville, dont le roc majestueux est caché, de Saint-Jean-le-Thomas,
par la falaise de Carolles.
C'est en vue de Saint-Jean-le-Thomas que s'était livré,
en 1425, un grand combat entre les flottes anglaise et française.
Depuis de longs mois, le Mont était bloqué par terre
et par mer. Les approvisionnements de la forteresse et ses munitions
de guerre, malgré leur abondance, étaient presqu'épuisés.
Le Mont allait être pris par la famine. Le duc de Bretagne
comprit que, si la forteresse tombait au pouvoir des Anglais,
s'en était fait de sa province; aussi s'empressa-t-il d'armer,
en secret, une flotte à Saint-Malo. Celle-ci, après
s'être dissimulée, en suivant la côte sinueuse
qui s'étend entre les pointes de Rothéneuf, de Saint-Coulomb
et de Cancale, tomba à l'improviste sur les navires anglais,
dont les équipages