il
y a le banc à l'ardoise, dont le sable est légèrement
bleu; les coques qu'on y ramasse ont souvent un goût de
vase; aussi sont-elles moins recherchées que celles qui
sont prises au grouet blanc, ou au grouet roux, c'est-à-dire
dans des lits de sable bien doré ou bien pur; quelquefois
aussi, sans se presser, en rangs serrés, les coques se
cachent sur une étendue considérable, l'ouverture
des valves toujours tournée du même côté;
on dit alors qu'elles font lanterne, parce que leur coquille dessine
sur le sable une croûte en saillie, en forme de lanterne
de corne. Il y a, dans la baie du Mont-Saint-Michel, trois grands
bancs: le Massacrant, appelé ainsi parce que la mer y forme
un remous dangereux, la Haute Pointe et le Montolant.
« La pêche des coques est une véritable industrie
pour le pays; aussi ne voit-on pas de mendiants au Mont-Saint-Michel;
ceux qui tendent la main aux pèlerins sont des gueux venus
de loin; les religieux les chassent autant que possible, car ce
sont des exploiteurs de la charité publique; ils font tort
aux vrais pauvres. Genêts, gros bourg de la côte normande,
est le plus important des marchés de coques. Plus particulièrement
le mardi et le jeudi, veilles des jours maigres, les pêcheurs
centralisent leurs coques sous la halle de Genêts; ils les
apportent dans des sacs ou dans des filets, dits sabres ou, sabrets,