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« Bien volontiers! » s'écria Michel.
Le père Legros expliqua, tout d'abord au. jeune étranger,
comment on prenait les coques, ce joli petit mollusque aux deux
valves similaires, rayées de sillons, et colorées,
à l'intérieur, d'un pâle incarnat.
« On peut, expliqua le marin montais, pêcher la coque
de différentes manières; on la prend au couteau
crochu, cela s'appelle pêcher au grattou (grattoir). On
enfonce vivement le couteau dans le sablon, à l'endroit
où la coque décèle sa présence par
un petit trou; on la saisit aussi à l'œil, quand on
voit la coque sous l'eau; on plonge alors la main et on prend
la coque dans les petits courants des lais de mer; cette pêche
se pratique rarement et seulement à la marée descendante;
elle ne donne pas une cueillette abondante; on la prend aussi
à la blancheur, lorsque le petit animal a soufflé
un peu d'étume hors du trou où il se cache; on la
capture au fouilleau, lorsqu'une tige de varech attachée
à la coque, flotte sur l'eau; à l'escorbut, quand
elle est à moitié découverte; à la
roulée, quand elle est entraînée par les rivulets
ou guintres qui dévalent à mer baissante. Tantôt,
les coques s'assemblent par bancs, mais ces bancs sont très
changeants; les coques se déplacent et même émigrent,
suivant les saisons; elles choisissent des bancs dont le sable
est de nature différente