à
mailles assez étroites. Les marchands des villes voisines,
Granville, Avranches,
Fougères, Coutances et même Rennes, y achètent
les coques en gros, et les paient comptant; ils les dirigent,
de là, dans les campagnes normandes et bretonnes, où
les coques sont fort appréciées; on les vend un
demi sou la grande écuelle. La coque, légèrement
fricassée avec du beurre frais et quelques fines herbes,
figure avec honneur sur la table des gens riches.
« Mais la baie abonde, surtout, en poissons de toutes sortes.
Vous le comprendrez facilement, mon jeune ami, quand je vous aurai
dit que notre baie est dans son ensemble, une grande pêcherie,
dont l'ouverture, tournée vers le large, attire le poisson
de haute mer; le fond de la baie forme un véritable entonnoir
où Ie poisson, avide de déposer son frai, se précipite
aux grandes marées. Certains poissons sont frileux, les
soles, les plies, les limandes, par exemple; or les eaux sont,
ici, très peu froides, parce que la m'er s'étend
sur des sables qui, chaque jour, sont à sec pendant plusieurs
heures et absorbent la chaleur du soleil; on dit aussi que, dans
cette partie de la Manche, il vient un courant d'eau chaude; il
se fait sentir surtout dans les îles de Guernesey et de
Jersey; d'ailleurs, les hivers ne sont jamais rigoureux au Mont-Saint-Michel;
aussi les abricotiers, les cerisiers y fleu rissent