béguinage,
de nombreuses maisons religieuses furent anéanties; on
descendit les cloches des tours et l'airain sacré fut converti
en canons. La châsse de saint Rornbaut, dont les dix-sept
provinces étaient si fières elles-mêmes, et
Malines plus particulièrement orgueilleuse, fut démontée
pièce par pièce; le métal fut converti en
monnaie d'or, de cuivre et d'argent; les pierres précieuses
furent vendues et passèrent en des mains sacrilèges.
Les beaux reliquaires du Mont-Saint-Michel devaient avoir, deux
siècles plus tard, une fin aussi lamentable. Aux premiers
jours de la Révolution française, les républicains
d'Avranches s'étaient rués sur l'abbaye normande,
dont les moines, cependant, s'étaient montrés si
loyaux et si confiants. Une foule avinée s'était
précipitée à la suite du procureur-syndic
du baillage; elle avait fait rnain-basse sur le Trésor
de l 'abbaye bénédictine; les reliquaires avaient
été brisés; brisés aussi les ostensoirs,
« les soleils », les calices, les patènes qui
rappelaient tant de glorieux souvenirs; les cloches, au nombre
de huit, avaient été descendues du clocher; une
seule avait été respectée : la cloche de
brume. Les beaux manuscrits de .Ia Cité des Livres, comme
les savants annalistes aimaient à appeler le Mont-Saint
Michel, n'avaient pas trouvé grâce devant ces vandales
et ces voleurs; les belles bibles du douzième