elles
accomplissent, dans l'ombre, leur rôle de filandières,
sans envier les gloires de ce monde pour lequel elles travaillent.»
Mais les bons pèlerins de Malines n'avaient pas seulement
offert à St. Michel de belles nappes d'autel, ils lui avaient
encore fait don de deux garnitures superbes que les moines appelaient
des antependia : c'étaient deux superbes pièces
de cuir doré, industrie dont Malines s'enorgueillissait,
alors, à juste titre. Dès le quatorzième
siècle, cette ville était célèbre
par ses cuirs dorés. Michel Moorissens avait raconté
au frère sacriste que, bien souvent, il était entré
dans l'atelier d'un de ses voisins. Il l'avait vu étendre
sur des peaux de veau séchées, une couche d'argent
bruni, et un vernis spécial dont la composition demeurait
un secret de la corporation. L'argent, appliqué sur ce
cuir, paraissait être de l'or ; une fois le cuir bien doré,
l'artiste faisait, dessus, de beaux dessins, d'après des
modèles particuliers, fixés sous ses yeux ou en
suivant les caprices de sa libre fantaisie.
Mais ce n'était pas seulement au vestiaire ou à
la lingerie que le jeune belge avait découvert et salué
avec une légitime fierté de beaux spécimens
de l'industrie de son pays natal. Il avait aussi reconnu dans
le Trésor du Mont, plusieurs pièces qui lui rappelaient
également son cher Malines.