tout
à coup il se trouve en présence de la nappe tranquille
du flot perfide; il ne soupçonne pas encore le danger,
mais, bientôt, il s'arrête, un petit bras de ruer
lui barre la route; il prend une autre direction ; il rencontre
toujours le flot, peu à peu, l'île sur laquelle il
se trouve enfermé, diminue de surface de tous côtés,
le flot s'avance, lentement, sûrement et la mer compte bientôt
une victime de plus.
L'annaliste Dom Huynes nous a raconté, à ce propos,
des faits bien singuliers. C'est ainsi qu'un pèlerin, venu
à cheval au Mont-Saint-Michel, fut entouré soudainement
par la mer et entraîné par le courant, bien au-delà
de l'îlot de Tombelaine, c'est à-dire vers le large.
Et il ajoute : " Beaucoup d'autres personnes" naviguant
sur la mer, eussent plusieurs fois été englouties,
si saint Michel, auquel elles se recommandaient, ne les eût
secourues. Et ce vieux navire, qu'on voit en la nef de cette église,
vis-à-vis de la grande porte, suffit, entre mille, pour
en rendre témoignage."
Les sables qui entourent le Mont et forment le fond de la mer,
sont d'une extrême ténuité; la tangue est
une espèce de limon, d'argile blanche délayée.
C'est pour cela que les sables mouvants étaient presqu'aussi
dangereux pour les miquelots ; ils étaient formés
par les tangues détrempées et constituaient