toutes,
une exagération considérable de la vitesse du flux.
Certains auteurs ont même prétendu que la mer montait,
dans la baie normanno-bretonne, avec la vitesse
d'un cheval au galop; il faut en rabattre. D'autres affirment
que le trot est plutôt l'allure comparable; c'est encore
excessif; un piéton suit assez facilement le flot montant;
sans doute, à certains étranglements du Couesnon,
de la Sélune et de la Sée, rivières dont
nous avons parlé plus haut, le flot précipite sa
marche, mais il est bien certain que la barre ne dépasse,
jamais, la vitesse de huit kilomètres à l'heure.
Ce qui produit le danger de la mer montante dans la baie, c'est
beaucoup moins la vitesse des flots que sa manière de s'étendre
sur les sables. La baie, en effet, est sillonnée par plusieurs
rivières qui, en se répandant sur les grèves,
y font de nombreux méandres; quelques petits ruisseaux
viennent les y rejoindre, après avoir, eux aussi, creusé
dans le sable, des lits capricieux. La mer, remontant le cours
de ces rivières et de ces ruisseaux, forme des îles
qu'elle submerge peu à peu; l'étranger qui, le plus
souvent, est distrait ou absorbé par la contemplation de
l'admirable horizon qu'il a sous les yeux, ne voit pas monter
la mer, le long de ces berges, quelquefois assez élevées;
il se retourne, revient sur ses pas;