petit
bois, qui garnit le flanc Nord du Mont, fait une tache d'un vert
sombre au pied du colossal édifice que le peuple a baptisé
de ce nom bien justifié, la Merveille, et qui comprend
trois étages, ayant chacun deux pièces, le Cloître
et le Dortoir au sommet, la Salle des Chevaliers et le Réfectoire
au milieu, l'Aumônerie et le Cellier, en bas. Ces constructions
superbes, où le temps a mis sa patine glorieuse, sont dominées
par une église, dont l'abside fleurie est un joyau, finement
ciselé en plein granit, et
les transepts, ainsi que la nef, un modèle d'architecture
vigoureuse et sévère. Une flèche ajourée
s'élançant des quatre piliers triomphaux du transept
central, se perd dans le ciel, ou plutôt y fait étinceler,
à quatre. cent cinquante pieds au-dessus du sol, une statue
dorée de l'archange qui miroite au soleil et qui éblouit
les pèlerins quand ils arrivent sur les grèves!
Aurata species ad salis radios rutilans, écrivait
le voyageur de Thou, qui revenait enthousiasmé d'un voyage
entrepris au Mont, aux premiers temps du dix-septième siècle.
Du Mont-Dol, le Mont-Saint-Michel, plus éloigné,
paraît, par conséquent, beaucoup plus petit; il semble
moins régulier; on le prendrait pour une grande ruine,
dont la forme rappellerait les vieux donjons où se réfugiaient
les burgraves. Six lieues séparent les deux Monts, aussi
est-il difficile d'apercevoir,