impressionnant
charnier des Moines, cette galerie sombre et étroite, faite
de petits cailloux serrés, tout auprès d'une profonde
citerne, « où l'eau, disaient les bénédictins,
tombait goutte à goutte, comme dans le puits de l'abîme,
clepsydre de l'éternité. On ignore complètement
le motif de la détermination de Jourdain. Voulait-il que
son repos ne fût pas troublé plus tard par les rumeurs
de ces milliers de visiteurs, qui, durant la saison, encombrent
l'abbaye ? Espérait-il demeurer tranquille et ignoré
sur le roc de Tornbelaine ? II se trompait alors étrangement.
Dès 1356, son tombeau était, pour ainsi dire, nivelé
par les Anglais, qui construisirent un fortin, tout auprès
de la Gisante; pendant toute la Guerre de Cent Ans, les soldats
du roi insulaire foulèrent à leurs pieds la dalle
funèbre de Jourdain et, .probablement, violèrent
sa sépulture; elle fut entièrement bouleversée;
les lapins de l'îlot y creusèrent des terriers et
sous Louis XIV, toutes les constructions
de Tombelaine furent rasées, à partir de 1669, on
n'entendit plus parler de la tombe de l'abbé Jourdain.
Cela ne faisait pas l'affaire des archéologues; certains
prétendirent que la sépulture du bénédictin
était un mythe, inventé de toutes pièces
par des chroniqueurs aux abois; d'autres affirmèrent que
les textes étaient si précis que la question ne
se posait même pas. Ils se nourrirent des chroniques micheliennes,
tandis que les lapins continuaient à brouter l'herbe et
le serpolet sur le sommet de Tombelaine, qui devait recéler
le tombeau. On résolut