y a
environ huit siècles, (ce n'est rien évidemment
en comparaison des millénaires égyptiens, mais c'est
déjà fort respectable), son petit Toutankhamon,
Ce n'est pas dans la Vallée des Rois que le descendant
de Rollon ou de Guillaume dormait son dernier sommeil, bien que
son tombeau ne fût pas éloigné d'une pyramide;
mais cette pyramide, appelée par Victor Hugo le Chéops
de l'Occident n'était autre que le Mont Saint-Michel !
Le mort en question attendait paisiblement l'heure de la résurrection
glorieuse de sa chair, - car c'était un chrétien
et même un prêtre catholique - non pas à l'intérieur
d'une pyramide ou dans le mystère d'une fastueuse hypogée,
mais au sommet d'un rocher, autre pyramide naturelle, voisine
du Mont Saint-Michel, l'îlot de Tomhelaine dont il a été
souvent question dans ces pages. Sa sépulture dominait
aussi le désert des sables, mais c'étaient les sables
gris qui s'étendent entre la Normandie et la Bretagne.
Notre Toutankhamon était tout simplement un bon abbé
du Mont Saint-Michel, lequel avait nom Jourdain ou Jourdan, dans
les chartes Jordanis ; il avait sagement gouverné son abbaye,
de 1191 à 1212. Quelques jours avant sa mort, il avait
exprimé sa volonté d'être inhumé, sans
apparat, sur l'îlot sauvage et désolé de Tornbelaine,
où se cachait une petite chapelle dédiée
à Notre-Dame de la Gisante. A quel sentiment le pieux bénédictin
avait-il obéi en ne voulant pas que son corps fût
déposé au Mont Saint-Michel, dans cet impressionnant