Texte intégral du livre :

"LES LEGENDES DU MONT SAINT-MICHEL" d'Etienne DUPONT. Liens vers pages suivante, précédente et sommaire du livre en bas de page.

de Genêts au Mont, aller et retour : soit 15 kilomètres en moins d'une demi-heure. Le reporter qui signale cet exploit s'écrie dans son enthousiasme : « La grève est vaincue ! » Tout doux. Considérons cette victoire sans trop d'emballement. Certes, l'essai est encourageant et digne de remarque, comme l'écrivaient sur leurs tablettes les vieux chroniqueurs de jadis, Donc, des voitures, pilotées par des personnes connaissant bien les grèves, se sont risquées sur le sol incertain et quelquefois perfide de la baie du Mont Saint-Michel; mais la seule nouveauté, c'est le moteur, Depuis des siècles les grèves sont sillonnées par des voitures à chevaux, par de lourdes maringottes normandes et de vulgaires tapissières; des cabriolets y conduisirent en prison, sous Louis Philippe, de jeunes et vieilles barbes révolutionnaires. Le sol de cette terre marine, selon l'expression du trouvère Wace, est, en effet, plus consistant qu'on ne le croit, Les immenses blocs de granit dont est faite la formidable abbaye forteresse n'ont pas été tous amenés à pied d'œuvre au moyen de radeaux des carrières de Chausey; il est certain que des matériaux pesants ont franchi « ces terres pélagiennes» tout comme ces grosses pièces d'artiIlerie, les Michelettes, des 480 s'il vous plaît, que les Anglais abandonnèrent sous les remparts de Mont au cours du XVe siècle. Les cultivateurs des campagnes voisines n'apportaient-ils pas aux habitants du Mont des provisions de bois et ne s'aventuraient-ils pas, bien avant la digue, sur les grèves de Vains et de Courtils,

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