Licorne,
M. de Lancize, commandant les troupes royales et ses officiers,
se montrèrent hautains et exigeants. Le pauvre Ridel, auquel
on avait seulement laissé une petite chambre et les clés
de la cave, ne sut bientôt où donner de la tête;
comme les ennemis ne débarquaient toujours pas, MM. les
officiers avaient de nombreux loisirs: ils festoyaient ; le saumon
était abondant et le pré salé délicieux;
la cave de La Licorne était réputée. M. de
Lancize et son état-major eurent tôt fait de vider
flacons et bouteilles. Ridel, au bout de quelques semaines, ayant
présenté bien humblement à ces messieurs
la note de leurs dépenses, fut plutôt mal reçu.
Dans une plainte qu'il adressa au procureur d'Avranches, il affirma
même avoir été rossé. Il fut appris
aussi que M. de Lancize, très frileux, avait gagné
un gros rhume en raison des vents coulis qui circulaient dans
La Licorne. Il avait fait construire, d'office, des murs et des
cloisons. Les ouvriers, ayant réclamé leurs salaires
au pauvre Ridel, celui-ci les renvoya au syndic, le syndic au
bailli, le bailli au subdélégué et celui-ci
à l'intendant. L'autorité répondit que sa
Majesté n'ayant rien commandé, le trésor
royal ne débourserait pas un rouge liard, mais assura Ridel
qu'il avait un recours contre M. de Lancize. Le bon billet ! M.
de .Lancize était insolvable !
Cet état de choses se prolongea pendant trente-huit mois;
enfin, le 1er novembre 1760, le Contrôleur Général
des Guerres; ayant pris des mesures