réquisition
des hôtels modernes, dont s'empara le gouvernement au cours,
de la Grande Guerre et avec les difficultés qui s'élevèrent
entre l'Etat et les propriétaires .des immeubles pour le
règlement des indemnités: rien de nouveau sous le
soleil !
Donc, le 5 avril 1757, Guillaume Ridel exploitant, lui-même,
l'hôtellerie de La Licorne, fut tout estomaqué quand
il vit pénétrer chez lui la force publique. L'officier
de la maréchaussée et le prieur de l'abbaye en sa
qualité de commandant du château pour le roi, lui
apprirent, à brûle-pourpoint, que son auberge était
réquisitionnée pour y loger des officiers de troupe.
On craignait alors un débarquement des Anglais entre Cancale
et Granville et le gouvernement avait décidé d'installer
une garnison au Mont Saint-Michel; les logements du château
étant insuffisants, on avait recours aux maisons de la
ville.
Ridel objecta timidement que La Licorne était son seul
gagne-pain; à quoi le prieur dom Surineau répondit
qu'il mentait, puisqu'il était non, seulement gargotier,
mais aussi barbier et chirurgien et qu'il tirait grand profit
à raser et à saigner. Messieurs les exilés.
Au cri du cœur : « Qui me paiera ? » poussé
par Ridel, le prieur répondit sèchement: «
Sa Majesté ! » Et, tout aussitôt, le subdélégué
de l'intendant, assisté d'un architecte, dressa un état
des, lieux et un inventaire des meubles les garnissant.
La précaution était bonne; à peine installés
à La