coups
de bâton. La femme de Natur porta plainte au bailliage d'Avranches;
une enquête fut ordonnée et une sentence judiciaire
intervint, prescrivant l'élargissement immédiat
de Natur ; mais la sentence, quoique régulièrement
signifiée le samedi, ne fut exécutée que
le lundi; d'où nouvelle plainte contre les religieux pour
séquestration arbitraire.
Ceux-ci, furieux, accusèrent Ridel d'avoir monté
l'affaire; les esprits s'échauffèrent et un mauriste,
sortant d'une auberge de Pontorson et étant à cheval,
proféra des menaces contre Ridel et sa bande et déclara
que, s'il le rencontrait, il lui casserait la tête il avait
même montré des pistolets armés ».
Ridel, exaspéré, déposa une nouvelle plainte,
d'un ordre économique et fiscal, cette fois. Il fit connaître
aux autorités que les rnauristes ruinaient .le commerce
des liquides et fraudaient le Trésor; en effet, disait-il,
ils permettaient aux étrangers d'emporter du vin acheté
chez Oury, vin qui aurait dû être consommé
sur place. Le vin, pris ainsi, pouvait être vendu à
bon compte, puisqu'il n'était pas assujetti au droit de
consommation; Oury, exportant son vin, retirait donc un grand
profit de la vente de ses liquides et faisait un tort considérable
à la Régie.
Ce qui, surtout, avait irrité Ridel contre les religieux,
c'est que, quelques années auparavant, ces derniers avalent
usé de toute leur influence pour faire réquisitionner
son hôtellerie par l'autorité militaire. L'incident
mérite d'être rapporté ;on pourra faire d'intéressants
rapprochements avec la réquisition