les
abbayes bien avant l'ordonnance du 13 août 1669, qui réglait
en leur faveur de nombreux privilèges cynégétiques.
De 1640 à 1680, de gros procès surgirent et mirent
en mouvement l'appareil judiciaire; c'est l'époque où
le bon et sensible La Fontaine déplorait ces chasses seigneuriales,
durant lesquelles les rabatteurs faisaient « des plaies
» aux pauvres « haies » des manants.
Les manuscrits du Mont Saint-Michel nous ont conservé le
nom de M. Jacques de Lorges-Montgommery,
huguenot, lequel chassait avec effronterie sur les terres des
bénédictins. Ceux-ci essayèrent d'abord «
les voies de douceur », mais M. de Lorges se montra «
incivil et violent ». Un certain dimanche,
alors que les vassaux des moines étaient à la messe
à Huisnes, M. de Lorges envahit leurs terres avec ses meutes
et gâta leurs blés. « Les paysans se jettent
aux pieds de cet Attila. » Peine perdue ! Il pousse ses
chiens plus avant. Des rixes s'engagèrent, il y eut des
blessés. Les bénédictins intentèrent
aussitôt un procès au farouche huguenot : il dura
5 ans ! M. de Lorges fut, enfin, condamné à payer
aux religieux 400 livres à titre de réparation,
sans déduction d'une somme de 150 livres pour prix d'un
chien couchant que les paysans lui avaient tué pendant
l'échauffourée. M. de Lorges n'avait pas lieu de
se plaindre; mais il fit la grimace, quand on lui présenta
la note des frais de justice qu'il était tenu d'acquitter
seul, ayant été condamné aux entiers dépens
; elle se montait à