enfin
le bruit courut que le pauvre paysan avait été arrêté,
du côté de Périers, par les autorités
anglaises.
Le bon chapelain fut terrifié ; il apprit d'une source
sûre que Thomas venait d'être incarcéré
au château de Bricquebec, sans qu'on sût pourquoi,
disait la rumeur publique.
Lui le savait trop ce pourquoi !
Il était plongé dans les transes affreuses, quand
deux soudards du roi insulaire frappèrent brutalement à
la porte de son logis. Sur sa réponse qu'il était
bien Jean Douville et qu'il avait fait tout récemment un
pèlerinage au Mont Saint-Michel, il fut appréhendé
et emmené, sur une charrette réquisitionnée
dans une ferme voisine, vers une destination inconnue. Le lendemain,
on apprenait que l'infortuné chapelain était inculpé
de trahison à l'égard du roi d'Angleterre et que
les portes de la geôle de Valognes s'étaient refermées
sur lui. Tout le pays frissonna à la pensée qu'elles
ne s'ouvriraient plus devant le pasteur d'Orval qu'au moment de
sa conduite au gibet.
Le pauvre prêtre s'était bien douté que son
arrestation était due à la découverte, sur
Thomas Baudouin, de la cédule de dame Paynel. L'officier
de police qui l'interrogea, au Iendemain de son incarcération,
lui apprit, en effet, l'arrestation de Thomas, la saisie de la
fameuse pièce et les aveux du paysan d'Orval. Le magistrat,
qui se montra plutôt bienveillant, lui posa, néanmoins,
une série de questions