parut
point s'apercevoir de son trouble. Une demi-heure après,
les deux pèlerins quittaient le Mont. Comme ils arrivaient
à la hauteur de la célèbre Croix
des Grèves, ils furent rejoints par une patrouille
anglaise. Ils exhibèrent leurs sauf-conduits et continuèrent
tranquillement leur route, à travers les tangues humides,
jusqu'au bourg de Genêts. Le contrôleur visa à
nouveau leurs parchemins et se contenta de leur affirmation de
n'avoir sur eux aucune pièce ou document émanant
des assiégés.
Ils refirent, pour le retour, les mêmes étapes et,
sept jours après leur départ, ils rentrèrent
à Orval, sans incident fâcheux. Cependant tout danger
n'était pas conjuré. Il fallait trouver un fidèle
messager pour faire tenir au sieur Landry de Bricquebec le fameux
papier de dame Jeanne Paynel. Précisément, un des
paroissiens d'Orval devait se rendre, sans retard, à Cherbourg,
auprès d'un parent malade. Thomas Baudoin, ainsi s'appelait
l'ouaille de Jean Douville, était un homme obligeant et
sûr. Son pasteur le mit dans la confidence et, malgré
le danger, il consentit à se charger de la compromettante
cédule. Béni par le prêtre, Thomas partit
le lendemain même, au petit jour.
La pensée du chapelain ne devait plus quitter ce brave
homme qui s'exposait ainsi pour rendre un service dont l'importance
était bien minime en raison du danger couru. Une semaine
se passa dans l'inquiétude et une autre dans l'angoisse.
Aucune nouvelle de Thomas Baudoin n'arrivait au village;