questions.
Jean Douville y répondit en toute franchise et le délégué
du bailli anglais put se convaincre rapidement que le chapelain
n'était pas un espion et qu'il n'appartenait pas à
cette bande de faux pèlerins qui pullulaient dans les deux
camps. Tout concordait parfaitement dans son récit, depuis
la maladie de Guillemette jusqu'au retour à la cure d'Orval.
Mais le bon prêtre rougit jusqu'aux oreilles, quand le magistrat,
qui pouvait difficilement tenir son sérieux, le qualifia
de complice d',une femme coquette.
La cause n'était pas grave; toutefois, Jean Douville ne
fut pas immédiatement élargi; les procès-verbaux
d'enquête furent communiqués au bailli de Caen, auquel
l'affaire parut plaisante. Le magistrat en rit et fut désarmé
et des lettres de rémission, ayant été signées
par le roi Henri VII la liberté fut rendue à Jean
Douville.
Avant de rentrer à Orval, il demanda à être
reçu en audience privée par Monseigneur de Coutances;
sa requête fut agréée, mais on ne sut jamais
ce qui se passa entre le prélat et le chapelain. Il est
à croire que Sa Grandeur invita, tout comme le procureur
anglais, le trop obligeant ecclésiastique à ne plus
jamais faire de commission pour les femmes coquettes, fussent-elles
de grandes dames ou même des nobles épouses des gouverneurs
du Mont Saint-Michel.