roi
; les pèlerins étaient, en effet, obligés
d'affirmer solennellement, en prenant Dieu à témoin,
qu'ils n'entretenaient aucune intelligence dans la place : qu'ils
n'apportaient aucun message écrit ou oral et qu'ils ne
diraient rien aux assiégés sur ce qu'ils avaient
vu, entendu ou appris en traversant les lignes anglaises.
La mer étant basse; ils s'aventurèrent sur les grèves
et se dirigèrent droit sur le Mont ; une heure après
avoir quitté la rive, ils mettaient le pied sur la chaussée,
donnant accès à la Bavole. Un homme d'armes sortit
aussitôt du corps de garde et,
conformément aux prescriptions de l'abbé Geoffroy
de Servon, les accompagna jusqu'à la grande porte de
la ville. Un officier leur posa plusieurs questions, se fit représenter
leurs sauf-conduits, s'assura qu'ils n'étaient porteurs
d'aucune arme et leur donna libre accès dans la ville.
Ils gravirent alors l'unique rue de la bourgade, rue bordée
d'hôtelleries et de boutiques; mais, hélas, la plupart
d'entre elles étaient fermées, le commerce des Montois
ayant été presque ruiné par les prohibitions
des Anglais; la guerre avait été fatale aux pèlerinages.
A l'abbaye, ils reçurent le meilleur accueil; un des moines
connaissait particulièrement le chapelain et la nouvelle
de la guérison merveilleuse de Guillimette était
arrivée, malgré le blocus, jusqu'aux oreilles des
bénédictins. Cette guérison fut même
consignée sur les registres spéciaux, après
qu'une