Alors
tous se précipitèrent sur le hideux cadavre, l'Insultèrent
et le dépecèrent; puis, ayant réuni des fascines
et des herbes sèches, ils y mirent le feu et, bientôt,
le serpent nit fut plus qu'un amas de cendres.
Et voilà que l'archevêque vit dans cette poussiere
un écu et une épée, non pas semblables à
ceux en usage dans les batailles, mais pareils à un jeu
d'enfant l L'écu, de forme presque ronde, était
fait de bois de cèdre et le pène, de cuir durci;
la boucle était dorée; le champ, où brillait
de petites croix ciselées, était surchargé
de topazes et d'améthystes.
L'épée, très courte, était d'acier
fin;. des pierres précieuses ornaient le pommeau et les
quillons étaient encore souillés par le sang du
monstre.
L'archevêque, après s'être agenouiIIé
devant ces armes merveilleuses,
les prit dans ses mains et elles furent rapportées, processionnellement,
dans la cathédrale d'Armagh, où un Te Deum d'actions
de grâces fut chanté.
Assurément, Dieu venait de faire un miracle en faveur de
l'île des Saints ! Mais quel était l'envoyé
céleste qui, avec des armes si petites, avait mis à
mort un monstre si grand ?
La nuit suivante, après une longue veille de prières,
Ivor vit en songe l'archange saint Michel. Celui-ci lui ordonna
de faire porter, sans retard, au sanctuaire de prédilection
qu'il avait choisi au monde terrestre, les armes dont il s'était
servi pour mettre à mort le serpent.
Mais, avant que l'archevêque n'ait eu le temps de