à
l'abbaye, ne veut pas verser cette somme ou se libérer
en nature. Il a refusé net de payer ce qu'il doit au monastère.
Un frère a été dépêché
vers lui. Il l'a reçu avec mépris. Bien plus, par
ses mensonges, il a excité
contre les moines plusieurs de leurs vassaux. Journellement, il
ravage leurs terres. Hier, c'était une grange de dîme
qui flambait de l'autre côté de la baie. en Bretagne,
auprès de Saint-Méloir-des-Ondes;
aujourd'hui, une troupe de soudards et de gens sans aveu a dévasté
les biens que l'abbaye possède à Saint-Pair et à
Genêts. Les bois superbes qui couvrent les collines de Champeaux
sont ravagés par les brigands qu'il arme et qu'il conduit.
Nouveau défi : le méchant baron vient de faire bâtir
un château fort, presque au sommet de l'abrupte falaise
qui se dresse en face du Mont Saint-Michel et qui domine les grèves.
De là, comme un aigle de son aire, il pourra, à
loisir, fondre sur les fiefs de l'abbaye et y porter la ruine
et la désolation.
Contre cet homme sacrilège, Roger se sent désarmé;
les remontrances ont été accueillies par des moqueries;
les supplications se sont brisées contre l'impiété
de cette brute. Opposer la force à la force ? Mais le pouvoir
dont l'abbaye dispose est infime auprès de celui que possède
le baron. Les populations l'exècrent, mais craignent sa
colère. Quelques brigands déterminés suffisent
à terroriser tant d'honnêtes gens ! Et puis, le Mont
fut-il en état de se défendre par les armes il répugne
à l'abbé de faire couler du sang sur ce pays où
il