fragment,
si petit qu'il fût, de ce rocher fameux dont la gloire rayonnait
par la monde, n'était-ce pas commémorer, d'une manière
délicate et charmante, le souvenir des pieux messagers,
envoyés, il y avait plus de trois cents ans par Aubert,
évêque d'Avranches « à la suasion de
l'archange lui-même, afin de chercher au Mont
Gargan des gages de son amour et de sa prédilection
pour son nouveau sanctuaire ? » Les plus anciennes chroniques
du monastère ne disaient-elles pas que saint Michel, peu
de temps après la construction du petit oratoire, bâti
en son honneur au sommet du Mont Turnbe, était à
nouveau apparu à l'évêque d'Avranches ? Saint
Michel lui avait ordonné d'envoyer promptement deux de
ses chanoines à son sanctuaire
d'Italie. Après avoir changé de vêtement et
s'être un peu délassés des fatigues d'une
si longue route, ils avaient exposé l'objet de leur visite
et, avec la permission de l'évêque, dont la juridiction
s'étendait jusqu'au Gargan, ils avaient reçu, avec
un respect profond et une joie infinie, un fragment du marbre
de l'autel sur lequel saint Michel s'était montré
au Gargan, ainsi qu'un morceau d'une étoffe de pourpre
provenant du tapis où l'archange avait daigné se
poser. Les religieux, chargés de ces insignes reliques,
étaient revenus au Mont Tumbe, en traversant les Gaules
et en semant des miracles sur leur passage. Le pieux fondateur
du monastère normand avait reçu de leurs mains le
marbre et l'étoffe; on les conserve au Trésor de
l'abbaye et on les offre, lors des grandes solennités