- «
Et cependant, mon chevalier, soupirait Hélène, vous
me quittez, préférant le grand fracas des armes
au bruit de nos baisers !
- « Que dites-vous-là, mon cœur ? Vous savez
bien que vous êtes mon seul trésor; mais préféreriez-vous
qu'un chevalier se parjurât comme Harold,
le saxon que le duc Guillaume s'apprête à punir ?
»
- « Ah! que notre duc est cruel d'avoir rassemblé
pour cette conquête tous ses vassaux de Normandie
! Oh! mon féal ami, à mesure que votre nef s'éloignera
du rivage normand où, le mois prochain, vous vous embarquerez,
mon cœur, ce pauvre petit cœur qui jamais ne battit
que pour vous, s'arrêtera peu à peu et je suis certaine
que, si vous revenez, des brumes du nord, vous ne retrouverez
plus sur cette terre votre Hélène que la douleur
aura brisée l »
Voilà tantôt quatre mois que Montgommery est parti
en guerre et, pas un jour Hélène n'a manqué
de se rendre au Mont Bélénus, qui lui rappelle tant
de souvenirs.
Dans la source claire, filtrant goutte à goutte du rocher
aux mousses veloutées, elle revoit l'image chérie
de son chevalier; elle retrouve même sur le sable, en haut
de la petite grève abritée des vents du nord, les
empreintes de ses pas; elle découvre dans les broussailles
les brisures encore fraîches des troënes, dont il lui
offrait les tiges souples, aux