A une
demi-lieue du Mont Bélénus,
son autre frère de granit, le Mont Saint-Michel, se profilait,
large et régulier, dominant les terres du sud qui s'étageaient
vers le Dol en un cirque voilé par la brume des lointains.
C'était dans cette solitude mystérieuse que Montgommery
et la belle Hélène de
Terregatte cachaient, habituellement, leurs tendres et fidèles.
amours. Depuis des mois, avant l'aurore, ils se retrouvaient,
chaque jour, sur le Mont Bélénus. Dans la paix nocturne,
isolés du reste du monde, ils échangeaient leurs
rêves, leurs caresses, et leurs baisers et bientôt,
ce fut pour eux un charme pénétrant que d'être
ainsi obligés de dissimuler leur mutuelle tendresse, puisque
le père d'Hélène ne voulait point que celle-ci
épousât un chevalier brave et loyal, sans doute,
entre tous, mais dont la famille était sa rivale par la
gloire et par la fortune depuis près de quatre siècles
!
Hélas ! ce matin-là, l'oiseau noir de la douleur
planait sur le Mont Bélénus
et Hélène, pâle comme une cire, était
défaillante dans les, bras de son chevalier. « Eh
! ma mie, m'amour, répétait doucement Montgommery
en de consolantes paroles, tout homme qui part en guerre n'y meurt
point. J'ai le cœur bon, le bras solide, l'âme fière
et mon épée est en acier de Vienne. Son pommeau
est plus riche que celui de Durandal; Roland y baisait quatre
reliques ; j'ai mieux : ne m'avez-vous
pas donné, ma mie, une mèche blonde et soyeuse ?
... »