vert
sombre qui s'accrochaient aux murailles de soutènement,
ni les arbres à demi-tordus par les vents
du large qui forment un petit bois sur le flanc septentrional
de la montagne, ne paraissaient grillés;. les frondaisons
gardaient une teinte fraîche comme si la rosée matinale
les eût trempées de ses fines gouttelettes. Aucune
fumée non plus ne montait dans le ciel; le crépitement
que, d'habitude, font les flammes dévorantes, ne déchirait
pas l'atmosphère tranquille ; seule, une cloche lançait
ses lentes volées, mieux réglées pour appeler
les âmes à la prière que pour réclamer
le secours des hommes.
Pourtant, aucun doute n'était possible l'abbaye tout entière
était la proie des flammes ; rien ne serait sauvé;
ni le corps vénéré de saint Aubert qui avait
protégé du feu, cinq années auparavant, la
cellule de Bernehère, ni les chartes si précieuses
aux yeux des moines, ni les célèbres manuscrits
qui devaient transmettre aux futures générations
les œuvres de Cicéron et de saint Augustin.
Passe-Cerf a franchi, en moins d'une demi-heure, les deux lieues
de grève qui séparent le Mont Tumbe du rivage et
Norgod a bientôt dépassé les petites chaumières
qui s'abritent .à l'ombre de l'abbaye, masures misérables
où grouillent les paysans, ruinés par Rollon le
Marcheur.
« Au secours I Au feu ! s'écrie toujours l'évêque.
Toutefois, malgré l'incendie
qui embrase le ciel, en jetant sur la montagne et les sables environnants