au
premier tournant de la route, dans la direction du Mont Tumbe.
Au galop il descendit la pente abrupte de la colline d'Avranches;
et vraiment, c'était un prodige que, dans cette course
folle, Passe-Cerf ne tombât point avec son cavalier dans
les fondrières bordant l'étroit chemin; la bête
avait une allure tellement rapide et assurée qu'on eût
dit que d'invisibles ailes la soulevaient du sol; cependant son
poitrail n'était pas blanchi par l'écume et c'était
par des hennissements joyeux qu'elle répondait aux coups
dont l'éperonnait son maître.
A cette heure matinale, les champs étaient encore déserts;
les villages seuls commençaient à bourdonner et
quand Norgod passait devant les chaumières, les paysans
avaient à peine le temps de reconnaître leur évêque
dans cette fantastique et rapide vision; des femmes s'agenouillaient
pour être bénies. Mais Norgod, les yeux. étincelants,
n'esquissait même pas le geste auguste et, la main droite
tendue vers le Mont Tumbe, il s'écriait toujours :
« Le feu ! Le feu est à l'abbaye ! Portons secours
aux moines ! Prions Dieu !»
Il y arriva bientôt sur les grèves, à l'endroit
où la Sée et la Sélune
confondaient leurs eaux.
Toujours les flammes brillaient devant lui; elles léchaient
les murs du monastère, sortaient en langues tortueuses
par les fenêtres. étroites des cellules et s'élançaient,
en un bouquet fulgurant, jusqu'au sommet de I'oratoire, Cependant,
ni les lierres d'un