ses
lueurs intenses, les gens restent tranquilles sur le seuil de
leurs portes; et les femmes montant l'étroit sentier qui
conduit à l'abbaye, s'acheminent. à pas lents, vers
l'église comme si elles se rendaient à un office
dont l'heure ne serait pas encore venue.
Norgod s'indigne : « Gens de peu de foi, s'écrie-t-il,
au cœur mauvais, qui ne courez pas vers ceux que les calamités
éprouvent ! »
Enfin l'évêque arrive au seuil du monastère
et le frère gardien ouvre la porte à Norgod qui
sautant brusquement de son cheval, abandonne Passe-Cerf sur le
terre plein, précédant l'entrée de l'abbaye.
Le portier reconnaissant l'évêque d'Avranches, le
salue selon la règle.
« Benedicamus Domino ! » dit le frère en s'inclinant,
Mais Norgod, sans répondre, s'élance dans la direction
des bâtiments abbatiaux et voici qu'il rencontre, dans le
grand couloir, tous les moines ayant à leur tête
le prieur, l'abbé Maynard, dont la foi lui est connue;
ils se rendent à l'office et, le jour étant solennel,
ils ont revêtu l'ample capuchon blanc.
« Benedicamus Domino ! »,
disent les moines à l'évêque d'Avranches.
Lui, d'un geste d'épouvante, leur montre I'oratoire.
Et les moines qui ne craignent rien, si ce n'est Dieu et le péché,
suivent leur évêque qui se précipite vers
le pourtour dominant les grèves, justement du côté
où, d'en bas, l'incendie
Iui paraissait le plus violent.