Ceux-ci
pouvaient être en effet des gens de conscience large et
peu délicats sur le choix de leur besogne. Mais c'étaient
des Bretons.
Ligneville n'avait pas fini de parler, qu'un carreau d'arbalète
faisait sonner l'acier de son casque. Les Bretons chargèrent
résolument et se firent tuer ou prendre tous jusqu'au dernier.
Monsieur Hue, cependant, avait demandé aux soldats du monastère
si quelques fugitifs n'avaient point déjà touché
le Mont. Les réponses des soldats l'avaient à peu
près rassuré sur le sort de sa fille, qui devait
être en ce moment dans l'enceinte des murailles avec Aubry
et les enfants de Simon Le Priol.
On monta la rampe.
Aubry et le petit Jeannin, arrivés, en effet, les premiers
au monastère, attendaient avec anxiété. Ils
espéraient que Reine et Simonnette étaient avec
le gros de la troupe.
Hélas ! le pauvre Bruno avait l'oreille basse.
Il était rentré au bercail et s'était mis
à la disposition du frère pénitencier. Ils
avaient causé tous deux discipline et bien sérieusement.
Frère Bruno avait le bras gauche cassé, ce qui retardait
l'exécution.
-Mon frère Eustache, disait-il au pénitencier, cela
me rappelle l'histoire de Jacob Malteste du bourg de Cesson, auprès
de Rennes.
Il était bien malade quand il fut condamné à
la peine de la hart.
On lui fit prendre de bons remèdes, on le guérit,
et puis on le pendit.
Heureusement pour Bruno que l'influence du duc de Bretagne était
fort mince au monastère en ce moment, et que le secours
apporté à monsieur Hue de Maurever lui fut compté
comme oeuvre pie.
Ce fut lui qui aperçut le premier monsieur Hue gravissant
la rampe.
Il courut avertir Aubry qui s'élança au-devant du
vieillard.
-Reine ! prononcèrent tous deux, en même temps, monsieur
Hue et Aubry.