Mais
le proverbe : Chercher une aiguille dans une charretée
de foin est de beaucoup trop faible pour exprimer la folie qu'il
y aurait à courir après un homme dans ces immenses
ténèbres.
Méloir et sa troupe avaient leurs lévriers.
Encore ne trouvaient-ils rien.
Ils continuaient néanmoins la chasse. Désormais
Méloir ne pouvait plus reculer.
Méloir avait passé la moitié de sa vie à
se battre comme il faut.
C'était une brave lance ; mais ce n'était que cela.
Les gens de cette espèce arrivent tout à coup au
mal, parce que leur bonne conduite ne fut jamais le résultat
d'un principe.
Si le hasard les sert, ils peuvent fournir la plus honorable carrière
du monde et demeurer fermes jusqu'au bout dans le droit chemin,
parce qu'ils ne sont essentiellement ni vicieux ni méchants.
Mais comme ils ne sont pas essentiellement bons et qu'ils n'ont
d'autre mobile que l'intérêt humain, vous les voyez
glisser aussitôt que leur pied touche une pente facile.
Et dès qu'ils glissent, ils aident la pente. Leur sagesse
menteuse érige en système le hasard de leur chute.
S'ils ont déjà de la fange jusqu'à la ceinture,
ils s'écrient : On a calomnié la fange ! La fange
est un bon lit ! C'est exprès que je suis dans la fange
!
Vive la fange !
Les chiens se détournent quand ils s'aperçoivent
qu'ils font fausse route ; les hommes, non.
Il y avait, au temps des druides,
dans l'Armor, un fou qui mettait une citrouille au bout d'une
pique, et qui se prosternait devant cet emblème auguste
en disant :
-Ceci est le soleil. Les druides qui n'entendaient pas la plaisanterie,
invitèrent ce fou à rentrer dans le giron de Bélénus.
Le fou ne voulut pas. Les druides
le placèrent sur un tas de fagots qu'ils allumèrent.
Le fou mourut comme un héros en criant à tue-tête
: