Texte intégral du livre :

"LA FEE DES GREVES" par Paul Féval Liens vers pages suivante, précédente et sommaire du livre en bas de page.

La Fée des Grèves de Paul Féval

Justement, un son grave et vibrant perça le brouillard. Maître Vincent poussa un cri de joie. C'était la cloche du monastère. Il était à cent pas du Mont.
-Laissons faire ! laissons faire ! reprit-il, en se frottant les mains : Jeannin pendu, Simonnette que voilà devenue ma femme, et cent écus d'or !
Une forme indécise passa près de lui, si près qu'il sentit comme un frôlement.
Une robe de femme ! il n'y avait pas à s'y tromper !
On peut fuir un homme, quand on a le caractère prudent. Mais une femme !
Maître Gueffès, devenu brave tout à coup, s'élança en avant. Ce pouvait être Simonnette, ce pouvait être mademoiselle Reine.
Bonne prise, dans tous les cas !
Au bout d'une vingtaine d'enjambées, il vit le brouillard s'ouvrir. Le roc noir de Saint-Michel était devant lui.
C'était hors des murailles de la ville, en un lieu sauvage et sombre que surplombent les contreforts du monastère.
Sous les fondations, entre les roches énormes, il y avait une femme, la forme que maître Gueffès avait vue passer dans la brume.
Bonne prise ! oh ! bonne prise ! maître Vincent Gueffès reconnut les vêtements de Reine de Maurever.
Et derrière son voile, il reconnut aussi ses cheveux blonds bouclés, qui brillaient au soleil.
Il s'approcha tortueusement.
De l'autre côté des rochers, il y avait de pauvres pêcheurs qui faisaient sécher leurs filets. Ils avaient bien reconnu la Fée des Grèves pour l'avoir vue souvent glisser, la nuit, sur le sable, depuis que monsieur était caché à Tombelène.
Ils se dirent :
-Voilà le Normand Gueffès qui va attaquer la Fée. Sorcier contre lutin : voyons la bataille ! La bataille ne fut pas longue. Il paraît que les fées sont plus fortes que les Normands.

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