larmes,
j'ai pleuré ! que je n'y voyais plus du tout, notre bonne
demoiselle ! Ce que c'est que de nous ! Je n'avais pas pleuré
beaucoup plus quand on nous a dit que vous étiez morte.
Elle porta la main de Reine à ses lèvres en ajoutant
:
-Et pourtant je donnerais mille fois ma vie pour l'amour de notre
chère maîtresse ! vous le croyez bien, n'est-ce pas
?
-Je le crois, ma bonne Simonnette.
-Mais quand on ne sait pas qu'on aime, voyez-vous, et que ça
vient comme ça, tout d'une fois, il paraît que c'est
plus fort.
Figurez-vous que c'était justement aux branches du grand
pommier qu'ils voulaient pendre mon pauvre Jeannin. Et si vous
n'étiez pas venue...
-Ah ! mon Dieu ! fit-elle en s'interrompant, je le disais tantôt
à Jeannin, qui fait l'homme, oui-da, depuis qu'il a été
pendu à moitié ; je lui disais : Si tu ne te fais
pas couper en morceaux pour notre demoiselle, toi, tu peux chercher
une autre promise ! Et savez-vous ce qu'il m'a répondu,
car c'est étonnant comme il devient faraud !
-Que t'a-t-il répondu, ma fille ?
-Il m'a répondu : Si tu ne parlais pas comme ça,
toi, quand il s'agit de notre demoiselle, tu pourrais bien chercher
un autre promis !
-En vérité ?
-Vrai, comme je vous le dis. Ça vous change fièrement
un jeune gars, de lui mettre la corde au cou. Et vous pensez si
ça m'a fait plaisir de le voir vous aimer autant que je
vous aime, mademoiselle Reine !
Reine était distraite. Simonnette se tut et se prit à
la regarder d'un air malicieusement ingénu.
-Notre demoiselle, poursuivit-elle tout à coup, comme si
une idée lui fût venue, vous ne savez pas, quand
il est arrivé, les filles et les gars disaient : Oh ! le
beau jeune seigneur ! le beau jeune seigneur !
Reine rougit légèrement.
-De qui parles-tu, ma fille ? demanda-t-elle.
Nous ajoutons pour mémoire qu'elle savait parfaitement
de qui parlait Simonnette.
-Eh mais ! répondit celle-ci ; de messire Aubry, donc !
avec son