casque
à plume et sa cotte brillante. Les gars et les filles disaient
encore : C'est le fiancé de notre demoiselle... Est-ce
vrai, ça ?
-C'est vrai.
-Oh ! tant mieux ! s'écria Simonnette ; je voudrais tant
vous voir heureuse !
*Comme il doit vous aimer, le jeune gentilhomme ! et comme ce
sera beau de vous voir tous deux à la chapelle du manoir
! Dieu merci, les temps durs passeront, et la joie reviendra.
Voulez-vous m'accorder une grâce, mademoiselle Reine ?
-Une grâce, ma pauvre enfant, répondit Reine en secouant
sa jolie tête blonde ; je ne suis guère en position
d'accorder des grâces.
-Aujourd'hui, non, mais demain. C'est pour demain la grâce
que j'implore.
Reine ne put s'empêcher de sourire, tant il y avait de caressante
confiance dans la voix de Simonnette.
-Eh bien, répliqua-t-elle presque gaiement, nous t'octroyons
la grâce que tu sollicites, ma fille.
Simonnette lui couvrit les mains de baisers. Elle était
joyeuse autant que si ces paroles fussent tombées de la
belle bouche de madame Isabeau, duchesse de Bretagne.
-Merci, ma chère demoiselle, mille fois merci, dit-elle
; la grâce que je vous demande, ce n'est pas pour moi, mais
pour Jeannin, mon ami, qui ne gagnera guère à devenir
mon mari, puisque notre maison est brûlée. Hélas
! mon Dieu ! ajouta-t-elle entre parenthèse, qui sait ce
que sont devenues la Noire et la Rousse dans tous ces malheurs-là
?
-Et que puis-je faire pour ton ami Jeannin, ma pauvre Simonnette
?
-Quand le noble Aubry sera chevalier, répondit la jeune
fille, il aura besoin d'une suite.
Je sais ce que vous allez me répondre : On dit que Jeannin
est poltron comme les poules. C'est menti, allez, ma bonne demoiselle
! Si vous aviez vu Jeannin quand il allait mourir ! Il pensait
à sa vieille mère et à moi ; il priait le
bon Dieu bien doucement, comme s'il eût récité
son oraison de tous les soirs, mais il ne tremblait pas. Oh !
il est brave, mon