sur
ce fait : les princes à qui la Pensée religieuse
a déclaré la guerre sont perdus :
Soit qu'une excommunication tombe sur leur tête rebelle
des hauteurs du Vatican, soit que la conscience populaire se mette
aux lieu et place des foudres de l'Église.
Ici, c'était la voix du sépulcre qui s'était
élevée, et la voix des morts, comme la voix du pape
ou la voix du peuple, est la voix de Dieu.
Au moment où le chevalier Méloir passait le seuil
de la salle où étaient rassemblés ses hommes
d'armes, une discussion très vive et très échauffée
cessa brusquement.
Méloir n'en put entendre que quelques mots ; mais ce qui
suivit fut une explication parfaitement suffisante.
Kéravel et Fontebrault se levèrent en même
temps à son approche.
-Messire, lui dit Kéravel ; je m'en vais retourner à
mon manoir du Huelduc, devers Hennebon, sauf votre bon vouloir.
-Et pourquoi cela ? demanda le chevalier en fronçant le
sourcil.
-Parce que mes moissons se font mûres, répondit le
brave homme d'armes avec embarras.
-Du diable si tu te soucies de tes moissons, toi, Kéravel
! Mais va-t'en où tu voudras, tu es libre.
-En vous remerciant, messire. Kéravel tourna les talons
- Et toi, Fontebrault, dit Méloir, est-ce que tu aurais
aussi fantaisie d'aller voir mûrir tes seigles ?
-J'ai reçu avis, répliqua gravement Fontebrault,
que madame ma femme est en voie de délivrance.
-Sarpebleu ! s'écria Méloir ; c'est affaire du médecin-chirurgien,
mon compagnon.
-Sauf votre bon vouloir, messire, je vais m'en retourner du côté
de Lamballe, où est ma demeure.
-Sarpebleu ! sarpebleu ! Fontebrault prit congé. Méloir
jeta un regard oblique sur les hommes d'armes qui restaient. Il
vit Rochemesnil qui se levait.
-Toi, tu n'as ni moissons ni femme, Rochemesnil ! s'écria-t-il
; je