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"LA FEE DES GREVES" par Paul Féval Liens vers pages suivante, précédente et sommaire du livre en bas de page.

La Fée des Grèves de Paul Féval

et galopa ainsi aux côtés de Méloir.
Plusieurs fois il voulut poursuivre la conversation, mais le mouvement de son cheval et le vent de la grève lui coupaient la parole.
Quand la cavalcade traversa le lieu où le pauvre village de Saint-Jean élevait naguère ses huit ou dix chaumines, Méloir détourna la tête.
Vincent Gueffès pensait :
-Toutes ces bonnes gens se moquaient de moi. On riait quand je passais. Les enfants disaient : voici venir la mâchoire du Normand... la mâchoire avait des dents, elle a mordu, voilà tout.
Et il regardait les places noires qui marquaient l'incendie.
C'était un coquin sans faiblesse, n'ayant pas plus de nerfs que de coeur. Placé comme il faut, au temps qui court, il eût été loin, ce maître Vincent Gueffès ! La troupe de Méloir était campée maintenant dans la cour du manoir de Saint-Jean. Les hommes d'armes occupaient la salle où nous avons assisté à ce triomphant souper de la première nuit.
Les choses avaient beaucoup changé depuis lors, à ce qu'il paraît, bien qu'on ne fût séparé de ce fâcheux souper que par quarante-huit heures à peine.
Dans la cour, les soudards et archers vous avaient une contenance mélancolique. Bellissan, le veneur, lui-même grondait, sans motif aucun, ses grands lévriers de Rieux.
Il était pourtant arrivé dans la journée sept ou huit lances de Saint-Brieuc avec leur suite.
-Holà, qu'on se prépare à partir ! cria Méloir en entrant dans la cour.
D'ordinaire, ce commandement trouvait tous les soldats alertes et joyeux. Ce soir, ils s'ébranlèrent lentement et comme à contrecoeur.
Était-ce conscience de leur méfait de la nuit précédente ? On n'oserait point l'affirmer. En tout temps, le soldat se pardonna bien des choses à lui-même, mais ces hommes d'armes qui venaient d'arriver apportaient des nouvelles.
La main de Dieu était sur le duc François de Bretagne.
Tout le monde l'abandonnait à la fois.
Et tout le monde attendait avec une sévère impatience le moment fatal, fixé par la citation de monsieur Gilles.
Personne, d'ailleurs, ne doutait que François ne dût aller, avant quarante jours écoulés, devant le terrible tribunal où l'appelait son frère.
Car, l'histoire, si variable en ses autres enseignements, ne s'est jamais démentie

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