Texte intégral du livre :

"LA FEE DES GREVES" par Paul Féval Liens vers pages suivante, précédente et sommaire du livre en bas de page.

La Fée des Grèves de Paul Féval

-Fais-moi descendre en grève, s'écria Aubry, donne-moi une épée, et prends avec toi deux ou trois de tes routiers, tu verras si je soutiens mes paroles !
-Bien riposté ! Mais nous sommes trop vieux, mon cousin, pour nous laisser prendre ainsi. Je te tiens quitte de toute réparation. Tu es le plus vaillant écuyer du monde, voilà qui est dit. Si nous étions tous deux en grève, tu me pourfendrais, comme Arthur de Bretagne pourfendit le géant du mont Tombelène, voilà qui est convenu... En attendant, causons raison ; il me reste à t'apprendre pourquoi ta partie serait si belle, si une bonne fée venait, par aventure, briser tes fers et percer les murailles de ton cachot.
Les choses ont bien marché depuis le huitième jour du présent mois de juin qui va finir.
François de Bretagne est demeuré frappé de la citation solennelle à lui portée par le vieux Maurever. Il a vieilli de dix années en deux semaines. Sans cesse il pense au dix-huitième jour de juillet, qui est le jour fixé pour sa comparution devant le tribunal de Dieu. Et ses médecins ne savent pas s'il atteindra ce terme, tant la vie s'use vite en lui. Or, le soleil couchant n'a plus guère d'adorateurs : les mages vont au soleil qui se lève ; en ce moment où je te parle, un homme résolu qui déploierait au vent un chiffon armorié en criant le nom de monsieur Pierre, le futur duc, mettrait en fuite mes cavaliers et mes soudards, comme une troupe d'oies effrayées.
Aubry baissait la tête pour cacher le feu qu'il sentait dans ses yeux.
Il songeait à son barreau de fer coupé aux trois quarts.
Dans quelques heures il pouvait être libre.
Il avait besoin de toute sa force pour contenir le cri de joie qui voulait s'échapper de son coeur.
Méloir qui lui voyait ainsi la tête basse, triomphait à part soi.
Il poursuivit :
-Mais qui diable songerait à jouer ce jeu, sinon toi, mon cousin Aubry ? Le vieux Maurever, qui est un saint,- cela, je le proclame !- aimerait mieux se faire tuer cent fois que de lever la bannière de la révolte. Et notre petite Reine n'est qu'une femme, après tout.
-Oh ! gronda Aubry, feignant le désespoir et la rage, être obligé de rester là comme une bête fauve dans sa cage de fer !

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