-Je
veux vous dire que vous allez vous mettre en route d'abord, quitte
à souper ensuite.
-Explique-toi. Gueffès ne demandait pas mieux. Il raconta
la fuite de la famille et prononça le nom de Reine. Méloir
ne le laissa pas achever.
-Quel chemin ont-ils pris ? demanda-t-il.
-La route de Normandie, mon cher seigneur.
-À cheval, têtebleu ! à cheval ! cria Méloir
; si nous arrivons avant eux au Couesnon, la fille du traître
Maurever est à nous !
Le souper, cuit aux trois quarts, flairait bon pour l'appétit.
Hommes d'armes et archers s'ébranlèrent avec un
regret manifeste.
Méloir laissa au château la moitié de sa troupe,
sous les ordres de Morgan.
Bien entendu qu'on n'avait pas même dit à Méloir
l'histoire du petit Jeannin pendu au pommier. C'était là
un détail de trop mince importance.
On partit. La meute s'élança au-devant des chevaux,
et le lévrier noir au-devant de la meute.
Au manoir restaient Corson, le héraut, Morgan et huit ou
dix soldats.
Corson soupa, bâilla et s'endormit ; Morgan fit de même.