Texte intégral du livre :

"LA FEE DES GREVES" par Paul Féval Liens vers pages suivante, précédente et sommaire du livre en bas de page.

La Fée des Grèves de Paul Féval

-Est-ce fait ? demanda encore Morgan.
-C'est fait.
-Agitez les torches, que je voie cela ! Les torches s'agitèrent et lancèrent de longs jets de flammes.
On vit le pauvre Jeannin suspendu au pommier.
Mais on vit aussi une belle jeune fille qui soutenait ses pieds et portait le poids de son corps. Jeannin souriait, au lieu de rouler ses yeux et de tirer la langue comme font les patients de la hart.
Les torches avaient jeté leurs dernières lueurs. Elles s'éteignirent. Dans cette obscurité soudaine, la panique prit les soldats de Méloir, qui s'enfuirent en criant. Ils avaient vu le pendu sourire et la Fée des Grèves qui le soutenait par les pieds !
Pas n'est besoin de dire que les Mathurin, les Gothon, les Catiche, la Scholastique et les Joson avaient devancé les soudards. Quelques minutes après, dans la ferme barricadée, Fanchon la ménagère, et Simonnette s'empressaient autour du petit Jeannin évanoui.
Simon Le Priol et Julien, son fils, étaient pensifs auprès du foyer.
Dans un coin, une femme vêtue de noir se tenait immobile.
-Il revient à lui, le pauvre gars, dit Fanchon.
-Jeannin, mon petit Jeannin ! répétait Simonnette, qui souriait et pleurait.
-On ne peut pas le rendre à ses coquins de soudards, maintenant, murmura Julien, c'est bien sûr ! Simon secoua la tête.
-J'avais dit que mon gendre aurait cinquante écus nantais, pensa-t-il tout haut ; mais j'avais compté sans ma fillette. Le petit gars n'a pas un denier vaillant, mais c'est tout de même, puisque ma fillette le veut, il sera mon gendre.
-Le petit gars aura les cinquante écus nantais, s'il plaît à Dieu ! dit une douce voix dans l'ombre.

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