-Oh
! pauvre petit Jeannin ! s'écria-t-elle en tombant sur
la paille auprès de lui, pourquoi allais-tu après
cette méchante fée !
Elle lui saisit les deux mains et se prit à le regarder,
désespérée.
-Mourir ! mourir ! balbutia-t-elle parmi ses larmes, mourir !
oh ! je ne veux pas que tu meures, Jeannin, mon petit Jeannin
! je t'en prie !
Elle était comme folle. Jeannin eut pitié.
-Écoute, dit-il, il faut te faire une raison, ma fille.
Dans notre métier, tu sais bien, souvent on va en grève
le matin, et le soir on ne revient pas. Songe donc ! si tu m'avais
attendu en vain, pauvre Simonnette, auprès des petits enfants
orphelins, c'est alors que tu aurais eu raison de pleurer !
Il était sublime de sérénité simple
et douce, Jeannin qu'on accusait d'être plus poltron que
les poules. Parmi les soldats qui raillaient au dehors, pas un
n'eût vu d'un coeur si calme approcher sa dernière
heure.
Ce qui l'occupait, c'était de consoler Simonnette. Mais
Simonnette ne pouvait pas être consolée. À
travers la porte, on entendait les soldats qui disaient :
-Oh ça ! messire Méloir tarde bien à venir.
Nous faudra-t-il donc attendre pour souper qu'on ait pendu ce
petit homme ?
-Mes bons garçons, répondait maître Gueffès
qui était, ce soir,